Cotignac, village de caractère de 2146 habitants, se blottit au pied d’un immense rocher de tuf de 400 mètres de long sur 80 mètres de haut. A l’ère quaternaire, la rivière La Cassole, coulait par-dessus le rocher. Le village actuel n’était alors que la base de cette immense chute d’eau.
Depuis les années 1000 et ce jusqu’au XIXème siècle, cette rivière a été détournée et passe à présent à l’est du village et se jette dans l’Argens. C’est donc les chutes de cette eau qui ont formé toutes les anfractuosités et les cascades pétrifiées.
Un premier village, dont on date une présence dès l’époque féodale, était installé au sommet de cette barre rocheuse, au lieu-dit «Saint-Martin », hameau qui existe encore aujourd’hui. Au cours des invasions sarrasines, même si elles n’ont pas été fréquentes à Cotignac, le village est descendu pour venir se blottir au pied de ce rocher, barrière naturelle infranchissable. C’est ainsi qu’à partir des années 1000, un deuxième village s’est installé et en 1032, un premier château a été construit à proximité. On ne peut dénombrer la population de l’époque. On sait seulement qu’en 1266, le nombre d’habitants était devenu assez important pour construire l’Église Saint-Pierre, l’église actuelle.
Au milieu de ce rocher, une fortification a été construite, ainsi que deux tours dites «sarrasines» ou «de gué» qui le surplombent, afin de pouvoir scruter l’horizon. Elles ne présentent aucune entrée par la base. Certains voient dans cette construction une stratégie de défense évidente. L’histoire raconte qu’elles étaient reliées au rocher et qu’on y descendait par des passages secrets.
Ce rocher et ses habitations troglodytiques servaient alors de cachette pour les habitants, leurs troupeaux et leurs vivres pendant les périodes d’invasions. On sait d’ailleurs qu’il existait une grotte assez grande pour contenir tous les habitants et leurs troupeaux quand il fallait se cacher. Il reste encore des vestiges des travaux effectués par l’Homme afin d’aménager ces espaces : creusement du tuf, chaux sur les murs pour éviter l’humidité, construction de terrasses, de foyers, de potagers, d’escaliers… D’autres cavités, au pied du rocher, servaient également d’abris pour les animaux : loges à cochons, à foin … et l’on peut voir encore des morceaux de mangeoires, de râteliers, de pigeonniers…
Par ailleurs, le rocher fut également, et ce jusqu’à la fin du XIXème siècle, une carrière très active. Pour construire le village actuel, on creusait la roche pour en extraire des pierres et on comblait des caves avec les gravats qui ne servaient plus. Le nombre de cavités a donc évolué au cours du temps, selon les usages que l’on en faisait.
A partir du XIVème siècle, une vie et une activité économique se sont développées autour de ce rocher. L’hospice de la charité a été installé ici en 1314, puis des moulins à farine accolés au rocher, fonctionnaient grâce à l’eau de la Cassole. En 1897, l’usine hydroélectrique permit au village de se fournir en électricité. Cotignac fut un des premiers villages de la région à être électrifié.
Ces grottes ont connu divers usages qui ont évolué au cours des siècles. Aujourd’hui, le Rocher est le symbole de Cotignac et de son histoire. On dit ici « Aquéu veira plus la Roco, é sera malérous » : Celui-là ne verra plus la Roche, et il sera malheureux.
Il y a 17 fontaines à Cotignac. Lorsque les habitants sont venus s’installer au pied du rocher, les Municipalités voulaient fournir en eau potable toutes les familles. Pour cela, elles achetaient des sources, construisaient des fontaines et installaient des canalisations minutieusement entretenues. La population grandissant, le nombre de fontaines a augmenté, elles se sont éparpillées sur toute la commune.
La Fontaine du Rocher (restaurée en 2011)
La Fontaine du Plan de Giraud, 1791
La Fontaine des Quatre Saisons (classée aux bâtiments de France)
La Fontaine de la Cascade (restaurée en 2002)
La Fontaine des Deux Places
La Fontaine St Sébastien et son lavoir, 1803
La Fontaine de la Gorguette (restaurée en 2000)
« Piquet » vient de droit de mouture. Lorsqu’en 1521, le Seigneur céda ce moulin à la Communauté, il se réserva le droit de mouture d’olives pour lui et pour ses hommes de confiance. Sur les 14 moulins à huile publics qui existaient à la fin du XIXème siècle, c’est le dernier qui ait fonctionné.
La crèche panoramique est la maquette d’un village provençal au mois de décembre, avec ses coutumes, ses vieux métiers et au moment de Noël, sa crèche. Ce village de vingt mètres carrés, avec ses quatre cents santons, est l’œuvre des frères ROCCHI, et a été acquis par la Municipalité en 2006. Depuis décembre 2007, notre village peut s’enorgueillir de posséder un trésor. En effet, une crèche provençale de 20 m2 a été installée dans le vieux moulin à huile des Ribbes. On peut y admirer plus de 400 santons en argile, une vingtaine d’habitations, trois moulins animés, les fontaines qui coulent, les vieux métiers d’antan, le jour qui se lève lentement par une froide matinée d’hiver…Elle est installée au Moulin des Ribbes dans les locaux restaurés d’une ancienne resence de moulin à huile (local où étaient traités, avant 1950, les résidus de la première presse des olives), à côté de la caserne des pompiers.
Il est installé au Moulin des Ribes dans les locaux restaurés d’une ancienne resence de moulin à huile (local où étaient traités, avant 1950, les résidus de la première presse des olives). Il se trouve à côté des pompiers et se visite gratuitement.
Ouverture :
Les mardis de 10h à 12h30 en juillet et en Août
Pour les groupes, sur rendez-vous pris auprès de l’Office de Tourisme.
Au sommet du rocher se dressent fièrement deux tours médiévales.
Leur présence a reçu diverses explications. Certains en font des greniers à grains romains, d’autres parlent de tours sarrasines.
Ces deux tours, de forme rectangulaire, sont de taille différente. Il s’agirait, d’après d’autres recherches, d’une tour de guet (la plus petite) et d’une forteresse (la plus grande).
En tout état de cause, ce seraient deux tours de défense.
Elles n’ont, en guise de porte, qu’une ouverture située à plusieurs mètres au-dessus du sol. On y accédait par une échelle qui était ensuite relevée pour empêcher les ennemis d’entrer. Il y a à l’intérieur des trous à côté de la porte qui servaient à placer un bois pour la bloquer.
La grande tour était accessible, disait-on, à partir de la « Grande Salle » à l’intérieur du rocher. Il semblerait, selon des études archéologiques, qu’il y aurait une salle voûtée à sa base, dans laquelle on entreposait vivres, armes… On accédait à l’intérieur de la tour par un oculus situé au centre de la voûte. Une ouverture se situe à 6 mètres de hauteur.
Sur son mur Nord, on peut voir qu’au niveau de la meurtrière, il y avait avant celle-ci une fenêtre géminée (une fenêtre double séparée en son centre par une colonne) avec des coussièges (sorte de bancs bâtis dans le mur de part et d’autre de la fenêtre qui servaient souvent de bancs de veille pour la surveillance).
En effet, ces tours servaient vraisemblablement de vigie pour surveiller la plaine de St Martin au nord et la vallée au sud.
Leur datation est difficile. Elles pourraient dater du XIè siècle, date également du premier château qui existait en 1032. Le Seigneur avait en effet construit son château au bas du Rocher, là où s’était installé le village dès le XIè siècle pour se mettre à l’abri des pillages et des invasions grâce à cette immense barre de tuf. Mais selon des études géologiques, elles dateraient plutôt du XIVè siècle.
Elles ont été endommagées à l’époque des guerres de religions et se sont dégradées au cours des siècles, perdant notamment leur socle. Elles ont été entièrement rénovées en 1994 sous le contrôle de Monsieur Farhner, architecte des Bâtiments de France, et ont ainsi retrouvé leur grâce et leur noblesse au sommet de la roche, surplombant ainsi, aujourd’hui encore, le village.
Texte réalisé à partir des écrits de Monsieur G.H BLANC,
en collaboration avec Nicolas Vassal, délégué au patrimoine